Types de problèmes de jeu
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Pour la majorité des personnes, jouer reste un loisir sans conséquences néfastes sur leur vie quotidienne. Toutefois, certaines personnes passent d’une simple habitude à une perte de contrôle qui peut mener à de sérieuses difficultés.
Il n’existe pas de classification unanimement acceptée mais selon le système de classification développé par Shaffer, Hall et Vander Bilt (1999), il y a plusieurs types de joueurs: le joueur récréatif (sans problème), le joueur problématique et le joueur pathologique (ou dépendant).
Cela suit à peu près le parcours de la dépendance au jeu, comme décrit par Custer (1984) : le joueur passe de la phase de gain, par la phase de perte et arrive à la phase de désespoir. En pratique ces trois phases se chevauchent l’une l’autre et se mélangent.
Bien qu’il n’y ait pas de substance psychotrope à proprement parler dans les jeux d’argent, lorsqu’une dépendance au jeu apparaît, elle est comparable à une dépendance à l’alcool ou à d’autres drogues. Cette dépendance s'installe progressivement en plusieurs phases.
Le joueur excessif et la « phase de gain »

Le joueur excessif joue régulièrement ou très intensivement avec des pauses. La décharge d’adrénaline avant et pendant qu’il joue le pousse à rejouer. Il gagne régulièrement et veut jouer de plus en plus parce qu’il est très optimiste sur ses chances de gain.
Il ne vit pas encore de graves problèmes, mais il perd régulièrement la notion du temps quand il joue. Il fait attention à son argent, mais il arrive de plus en plus souvent qu’il se laisse aller et qu'il mise plus d’argent que son intention de départ. Eventuellement des remarques de l’entourage apparaissent. Il n’emprunte pas encore facilement, mais utilise de l’argent qui devait servir à autre chose pour jouer.

Le joueur excessif fantasme sur le « gros lot ». Il va utiliser des « techniques » pour « influencer » le jeu. Après quelques temps il est de plus en plus convaincu que les « techniques » et/ou le pressentiment de « moments de chance » génèrent des gains. Il s’entraîne sur différents jeux pour affiner ses techniques. Les pertes sont attribuées à des « moments de faiblesse », où il considère qu’il n’était pas assez concentré ou que la machine était mal calibrée. Le joueur excessif veut regagner ce qu’il a perdu. Il rejoue donc tout ce qu’il gagne dans l’espoir de toucher le gros lot.
Il joue de plus en plus seul. La compagnie pourrait gêner sa concentration ou poser des questions sur les sommes misées de plus en plus importantes. Le joueur excessif pense de plus en plus au jeu, surtout aux moments où il s’ennuie. Le jeu devient une valeur sûre dans sa vie.
Des moments de grosses pertes ou des conflits avec la famille peuvent éveiller un sentiment de culpabilité mais il nie avoir un problème avec le jeu.
Le joueur problématique et la « phase de perte »

Le joueur problématique a des problèmes récurrents liés au jeu. Le reste de sa vie en souffre. Il a des conflits avec son entourage et essaye d’y échapper.
Il a des problèmes d’argent, des dettes sont remboursées avec de nouveaux emprunts. S’il travaille, les performances faiblissent parce qu’il a du mal à se concentrer sur autre chose que le jeu.
Il se sent souvent tendu, commence à se plaindre de problèmes physiques mais continue à jouer malgré tout.

Il va jouer plus de temps et des quantités d’argent plus importantes. Quand il ne joue pas il est constamment occupé à réfléchir à comment se procurer de l’argent ou à la prochaine partie. Il veut absolument regagner ce qu’il perd le plus vite possible. Cela devient une obsession. Il rejoue tout ce qu’il gagne et prend de plus grands risques.
Le joueur problématique ne voit pas d’autre solution à ses problèmes que gagner le gros lot, ce qui arrangerait tout et prouverait qu’il avait raison.
En même temps il commence à avoir des doutes sur cette « solution magique ». En raison de l’isolement dans lequel il se trouve, il peut difficilement se confier à quelqu’un. Parfois il se sent coincé. C'est parfois l’occasion de chercher le soutien d’une personne de confiance ou une aide professionnelle. S’il ne fait rien, il risque de devenir dépendant.
Selon une étude de Hayer, Mayer et Griffiths (2009), il y aurait, en Belgique, environ 1,6% de joueurs excessifs (envions 175.000 personnes) et 0,4% de joueurs pathologiques (environs 45.000 personnes).
Le joueur dépendant et la « phase de désespoir »

Le joueur dépendant vit des problèmes permanents liés au jeu. Tout se précipite. L’ entourage sait maintenant clairement ce qu’il se passe. Au travail le licenciement est imminent ou a déjà eu lieu.
Les dettes se sont accumulées. Une saisie sur salaire a peut-être été mise en place ou il a dû vendre sa maison; sa voiture, etc. Il peut facilement manipuler les gens, voler de l’argent ou commettre des délits pour trouver de l’argent. Le jeu a pris le contrôle de sa vie.

Il n’arrive plus à penser à autre chose qu’au jeu et sent que le contrôle lui échappe. Il doit jouer car il a l’impression que c’est la seule façon qu’il a encore de sentir bien. Il est constamment stressé et irritable. Les réactions négatives de l’entourage le poussent à s’isoler toujours plus.
Il peut boire et fumer plus pour cacher les sentiments désagréables. Il peut se sentir très déprimé et avoir des crises d’angoisse ou de panique. Il est possible qu’il pense au suicide, ne voyant pas d’autre porte de sortie.
S’il ne peut plus jouer il peut expérimenter des symptômes de manque : angoisse, insomnies, maux de tête et d’autres maux physiques.
Pourtant la situation peut encore changer. Avec de l’aide il peut se remettre sur pied et reprendre le contrôle sur ses dettes.
Selon l’étude de Hayer, Meyer et Griffiths (2009), il y aurait environ 0,4% de joueurs pathologiques en Belgique. Ces chiffres sont probablement sous-évalués.