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Jeu compulsif et surendettement

« Avec mes gains au casino je me suis acheté une casquette de yachtman; avec mes pertes, j'aurais pu me payer le bateau. »
-Tristan Bernard

surendettement

La dépendance aux jeux est une pathologie souvent invisible et difficile à détecter. Au fil du temps, le joueur accumule les pertes ainsi que les stratégies pour minimiser ces pertes aux yeux de ses proches. Il vit alors dans un monde de promesses et de mensonges où il ressent de la honte et de la culpabilité, et où l'isolement se surajoute à la dépression.

Les pertes s'accumulent et placent le joueur dans une course effrénée pour récupérer les sommes investies dans le jeu, pour « se refaire ». Le joueur continue à jouer tant qu'il a de l'argent pour satisfaire son habitude de jeu. Les dettes grandissent et grignotent le budget. Au fur et à mesure, la situation finit par s'envenimer à cause du manque d'argent.

Les joueurs endettés ont tendance à penser que pour sortir de leur situation, il vaut mieux continuer à jouer. Ils sont alors susceptibles d'emprunter à leur conjoint, aux membres de la famille, aux banques, d'utiliser leurs cartes de crédit, etc., pour assouvir leur besoin compulsif de jouer. Les emprunts peuvent se transformer en dettes impayables et les joueurs peuvent être obligés de vendre leurs affaires, ou ils peuvent voir leurs biens saisis par les huissiers.

 

Quand le joueur pathologique demande de l'aide, il est bien souvent fort tard : les difficultés familiales, professionnelles et financières se sont accumulées; le jeu n'est plus un plaisir mais une nécessité impérieuse ; l'argent a perdu sa valeur si ce n'est pour assouvir la passion du joueur. Le joueur se sent désespéré et isolé, il souffre fréquemment de troubles du sommeil, de l'humeur et de l'alimentation et il peut avoir recours à des conduites délictueuses pour se procurer de l'argent. C'est ce que Custer (1984) appelle la phase de désespoir du joueur.

Pour un médiateur de dettes, la question du surendettement passe obligatoirement par la constitution du budget de la personne. Pour un joueur, cet « exercice » peut mettre en évidence la manière dont l'argent est alloué à chaque secteur et plus singulièrement à l'activité de jeu par rapport à d'autres frais comme le loyer, l'énergie ou l'alimentation. Pratiquement, aucun plan de remboursement ne pourra être constitué tant que la personne ne sera pas capable de tenir un budget, c'est-à-dire de contrôler l'argent dévolu aux jeux. Il est important de noter que si payer les dettes d'un joueur peut lui rendre service et lui permettre de lacher un instant la tension, cela ne remettra pas en cause son comportement de jeu et il reste indispensable qu'un travail de réfléxion soit réalisé.

 

Alors que faire ?

En parler est une première étape. Evaluer les sommes investies dans le jeu en est une autre. Il existe des outils qui peuvent aider le joueur à faire le point sur ses habitudes de jeu (par exemple: « les jeux sont faits »). Prendre contact au plus vite avec un service de médiation de dettes, pour gérer les factures et les dettes qui s'accumulent, les médiateurs sont là pour aider, sans jugement. Avec leur aide le joueur constitue son budget et détermine la somme qu'il peut s'engager à payer mensuellement à ses créanciers. Maintenir cet engagement demandera au joueur et aux proches un certain contrôle sur les habitudes de jeu. A nouveau, des outils existent : le joueur peut se faire interdire des salles de jeux et casinos, il peut résilier ses cartes de crédit, s'assurer du paiement des charges importantes du ménage par des ordres permanents, etc. Les stratégies sont nombreuses et ont plus de chance de donner des résultats quand elles sont concertées avec les proches et les services d'aides concernés (centre d'aide aux joueurs, CPAS, etc.).

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